On dirait presque une plaisanterie: le patron d'une société d'intérim avoue: «On a une visibilité à quinze jours, pas davantage.» Mais la réalité est là:le secteur est déjà en récession. Le ralentissement de l'activité, qui s'annonçait déjà avant l'été, s'est amplifié après les attentats survenus aux Etats-Unis le 11 septembre. Depuis, l'intérim ne sait pas comment se préparer à traverser la crise. Et les intérimaires craignent de payer les pots cassés, en perdant les avancées sociales grappillées grâce à trois ans de croissance et de tensions sur le marché du travail.
C'est au mois de mai dernier que le Sett, le syndicat patronal du travail temporaire, commence à s'inquiéter. Pour la première fois depuis deux ans, le secteur connaît un ralentissement des contrats offerts et des heures travaillées en intérim, avec une activité en baisse de près de 5 %, en mai, par rapport au même mois de l'année précédente. Rien de trop inquiétant pourtant, 2000 avait été exceptionnelle. Entre 1997 et 2000, l'intérim a créé près de 220 000 emplois, quasiment le quart du total des créations de postes enregistrées par le secteur privé. Depuis 1995, le nombre d'intérimaires a été multiplié par six, passant de 300 000 à plus de 1,8 million en France, dont la moitié dans l'industrie.
Jour couperet. Le 11 septembre a créé une crise inédite, qui ne ressemble en rien à celle de 1992-1993. En quelques jours, les industriels ont bloqué leurs commandes, revu à la baisse les plans de charge. Dans la pire