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Libération

Le précaire imaginaire

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publié le 19 novembre 2001 à 1h40

Vous ne pouvez pas ne pas le remarquer. Il est nu, de dos, il danse. La séquence émotion s'arrête au creux de ses reins, le reste est masqué par le bouquet de fleurs au premier plan.

La dernière campagne publicitaire de Vedior Bis, numéro trois de l'intérim en France, cherche, une fois n'est pas coutume, à «déverrouiller les mentalités en matière d'intérim», en représentant un type qui fait ce qui lui plaît, grâce à l'intérim on l'aura compris. En matière de publicité, le secteur du travail temporaire s'emploie depuis des années à gommer son image de marchand de précarité en communiquant sur ses avancées sociales (lire ci-contre), son fonds de commerce. Mieux, il cherche à se positionner comme une alternative heureuse au salariat classique. Comme le Canada Dry, il en a le goût et la couleur, les avantages sociaux sans les inconvénients. Un tiers des intérimaires, dit-on chez Vedior pour étayer la démonstration, sont devenus des accros qui travaillent dix mois sur douze. Dans une campagne récente, Adia ne présentait-elle pas l'intérimaire comme le gendre idéal?

Pour grignoter des parts de marché à ses concurrents, la société a poussé le bouchon encore plus loin. Le visuel de sa dernière campagne montre un visage de black en gros plan, le slogan «j'aime beaucoup les blagues racistes du patron. Il y en a de vraiment drôles», le sous-titrage «il y a des jours, votre travail peut devenir insupportable. Il y a des jours, on regrette de ne pas avoir choisi l'intérim». Un mot de plus