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Libération

Des pièces un peu trop nickel

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Wim Duisenberg est président de la Banque centrale européenne.
publié le 21 novembre 2001 à 1h40

Cher Wim,

J'ai un problème avec ton euro. Il me donne des boutons. Et cela n'a rien de philosophique. Je suis allergique au nickel. Et je ne comprends pas pourquoi les nouvelles pièces d'un et deux euros en contiennent. J'ai de la chance car mon allergie se limite à quelques plaques rouges quand le bouton de mon jean touche ma peau. Mais je sais que d'autres qui manipulent de l'argent à longueur de journée dans les magasins, les banques ou les bureaux de poste, sont beaucoup plus exposés. Tous les spécialistes le disent, près de 10 % des gens ont une allergie plus ou moins prononcée au nickel. Et les autres ne sont pas à l'abri.

Wim, ne fait pas semblant de découvrir le problème. Les scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme il y a longtemps. L'Europe a même commandé des études sur le sujet, et adopté dès 1994 une directive qui restreint l'usage du nickel dans les objets qui sont en contact direct et prolongé avec la peau. Elle s'applique aux couverts, bijoux, ciseaux, fermoirs de montre, ou agrafes de soutien-gorge, mais ignore les pièces de monnaie.

Vraiment, je me demande pourquoi tu n'as pas profité de l'euro pour bannir ce métal. Pourquoi as-tu choisi de sacrifier la santé des gens? Tout ça pour éviter que la France, deuxième producteur mondial avec ses mines de Nouvelle-Calédonie, ne se retrouve avec le nickel de ses pièces blanches sur les bras? Je sais qu'il est trop tard pour faire marche arrière. Mais Wim, pourrais-tu te rappeler de ma supplique quand le moment vien