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Libération

Un passage qui marque l'Allemagne

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Attaché à sa monnaie, le pays rechigne à échanger son mark contre l'euro.
publié le 21 novembre 2001 à 1h40

Un enfant sur une balançoire, un train qui part, des jeux d'eau dans une piscine... les images défilent en noir et blanc ou en sépia, souvenirs de jours heureux bientôt révolus. «Tous les grands et les petits rêves, nous les avons payés avec le mark» (1) dit la voix off, chaude et maternelle, tandis que les super-huit continuent à courir: mariage, baptême, enfants... «Auf Wiedersehen mark» (Au revoir le mark), «Bienvenue à de nouveaux rêves», poursuit la voix langoureuse, tandis que s'inscrit à l'écran le commanditaire de ce spot: HypoVereinsbank, la deuxième banque privée allemande, qui en profite pour proposer ses placements en euros.

Condoléances. Plusieurs fois par jour, depuis des semaines, sur toutes les chaînes, les téléspectateurs ont droit à ce requiem pour le deutsche mark. Et sur Internet (www.euro.de), la même HypoVereinsbank a aménagé une rubrique «nostalgie», où comme sur un livre de condoléances, les visiteurs sont invités à coucher leurs souvenirs personnels sur leur monnaie. Plus de 200 récits ont été recueillis, des premiers pfennigs offerts par la grand-mère, aux piécettes glissées dans une bouteille, en promesse d'une fortune future, ou aux escroqueries du grand frère qui avait échangé sa belle pièce dorée de 10 pfennigs contre la vilaine pièce grise de 50 pfennigs de la petite soeur. Certains journaux, comme le Welt am Sonntag, ont aussi entamé des séries pleines de mélancolie, évoquant l'histoire de chaque pièce ou de chaque billet.

«On observe en Allemag