Ce rapport acerbe sur le chemin de fer français, c'est un peu Gayssot victime de sa propre créature. En 1997, l'élu communiste arrive au ministère des Transports et se retrouve en face d'une réforme ferroviaire accouchée par son prédécesseur Bernard Pons et votée à la hâte par la droite juste avant la dissolution. La loi prévoit la séparation en deux du système ferroviaire français. La SNCF d'un côté, chargée de faire rouler les trains, et RFF de l'autre, propriétaire des voies ferrées et décisionnaire des investissements d'infrastructures. Le ministre, qui avait combattu la loi (PS et PC avaient voté contre) refuse de la faire abroger. Malgré une déclaration pleine de promesses, «ce qu'une loi peut faire, une autre loi peut le défaire», il se ravise et invente une «réforme de la réforme». Pour déminer les critiques, le ministre crée en 1998 un organisme indépendant, le Conseil supérieur du service public ferroviaire (CSSPF), chargé, au bout de trois ans, d'évaluer la bonne marche de ce système bicéphale, et «de proposer, s'il y a lieu, les évolutions nécessaires». Composé de 37 membres (parlementaires, élus locaux, syndicalistes de la SNCF et de RFF, représentants de l'Etat), le CSSPF s'apprête à rendre un rapport très critique (lire ci contre), au point d'embarrasser le président de l'institution et rapporteur du texte, le député PS Jean-Jacques Filleul. A six mois des élections, ni Matignon ni le ministère des Transports ne désirent s'infliger cette volée de bois vert. Au
Repères
Gayssot piégé par «son» rapport
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par Cédric Mathiot
publié le 23 novembre 2001 à 1h42
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