Menu
Libération
Interview

«C'est une course vers le fond»

Article réservé aux abonnés
publié le 26 novembre 2001 à 1h44

«Le vrai problème, c'est que même avec une clause sociale, toute la structure de l'OMC est faite pour servir les intérêts des entreprises transnationales qui contrôlent plus des deux tiers du commerce. Tout est organisé pour mettre les forces de travail nationales en concurrence les unes avec les autres. Si l'on voulait ­ mais personne ne le veut ­ garantir le bien-être de l'ensemble de la société, on accorderait des avantages commerciaux et matériels aux produits des pays qui respectent le mieux les conventions de base de l'OIT. On fait le contraire: les récompenses sont pour les moins-disants. Ainsi se met en place la «course vers le fond» avec l'accord plein et entier des gouvernements du Nord et du Sud. A Seattle, au lancement de la réunion de l'OMC en décembre 1999, Clinton avait ouvert les hostilités avec les pays du Sud en parlant de sanctions pour ceux qui ne respecteraient pas les droits sociaux. Il donnait des gages à sa base syndicale mais contribuait à l'échec des négociations. Les pays du Sud ne s'accordent pas sur grand-chose d'autre, mais sont unanimes pour n'accepter aucune clause sociale à l'OMC. Soyons honnêtes: le Nord est hypocrite en prétendant reléguer la défense de ces droits à l'Organisation internationale du travailqui, contrairement à l'OMC, n'a aucun pouvoir contraignant. Les élites du Sud qui négocient pour leurs pays ne voient que des avantages dans la répression de leurs forces de travail. Cela baisse les coûts et permet de vendre leurs produits