Les droits des travailleurs ont piqué du nez à la Bourse de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), où 142 pays ont lancé, ce 14 novembre, un nouveau cycle de négociations. Liberté d'association pour les syndicats, abolition du travail des enfants et du travail forcé, lutte contre toutes formes de discrimination pour des raisons ethniques, religieuses ou sexuelles: ces principes de base devaient être intégrés à ce cycle, qualifié «du développement». A l'arrivée, «si le festin commercial a eu lieu, on a récolté des miettes sociales», se désole James Howard, l'un des leaders de la CISL (Confédération internationale des syndicats libres), plus grande confédération de la planète. Le banquet de Doha n'a pas laissé que les syndicats sur leur faim. A la Commission européenne, on assure aussi avoir «la gueule de bois» après avoir fait du dossier un point «essentiel». L'Organisation internationale du travail (OIT), pourtant bien silencieuse depuis le 14 novembre, n'est pas en reste. «La montagne accouche d'une souris», assure un proche de Juan Somavia, le directeur général de l'OIT. Le sentiment d'un mauvais remake prédomine.
Seattle, décembre 1999: Bill Clinton, alors en précampagne électorale démocrate, cherche à se concilier les faveurs des syndicats. Avec l'assentiment des Quinze, il s'empare du dossier «normes sociales» et menace de sanctions les pays qui refusent la liberté syndicale, font travailler les enfants ou assument la discrimination sexiste. Les global leaders venus