«On commence à dire tout haut ce que l'on ne disait pas jusqu'à maintenant : l'industrie textile est une monnaie d'échange dans le commerce international, pour permettre l'exportation d'Airbus ou autres produits technologiques. 70 000 emplois et 4 000 entreprises disparaissent chaque année en Europe. En France, il y a 2 000 licenciements par mois. J'ai 387 plans sociaux en cours sur mon bureau !
Cela prouve qu'on ne peut pas libéraliser les échanges sans les encadrer. Aujourd'hui nous sommes en concurrence avec le Pakistan, où travaillent deux millions d'enfants, avec l'Inde où travaillent quatre millions d'enfants, et bientôt avec la Chine qui pratique le travail forcé. Voici, concrètement ce que signifie l'abandon de toute référence aux normes sociales fondamentales. Tel que se dessine le processus de Doha, on ne peut absolument pas voir où il nous mènera. L'adhésion de la Chine à l'OMC nous fait par ailleurs entrer dans une autre dimension. L'obligation de créer un joint-venture avec un industriel local tombe : plus rien ne s'oppose au déménagement rapide des usines. De plus, on voit bien que le traitement réservé au Pakistan tient à la situation politique de ce pays. On ne peut pas bâtir les échanges commerciaux sur ce genre de fondements. Les salariés voient bien que les compromis sont sur leur dos, et qu'ils payent une ardoise qui n'est pas la leur. Pascal Lamy a fait la démonstration qu'ils ne sont pas défendus au plan européen. Nous allons au-devant de problèmes socia