Buenos Aires
de notre correspondant
Devant l'écran, Marcela, brunette de 34 ans, grimace. «Le risque pays a touché la barrière des 3 000 points, un record mondial», annonçait le présentateur la semaine passée. Voici un an, lorsqu'elle a souscrit un crédit hypothécaire pour acheter un deux pièces, cette employée d'une association médicale n'avait aucune idée de ce qu'était le «risque pays». Depuis, l'indice, élaboré à New York par la banque J.P. Morgan à l'intention des investisseurs, s'est installé dans sa vie tel un baromètre de l'angoisse. «Pour acheter mon appartement, j'ai emprunté à 12 %, avec un taux d'intérêt variable. Quand le risque pays s'est envolé, les intérêts ont décollé. En mai dernier, je remboursais 450 pesos par mois. Aujourd'hui, plus de 630. Des milliers de personne de la classe moyenne sont dans mon cas. Quand nous ne pourrons plus payer, les banques vendront nos biens aux enchères.»
Menace. Marcela gagne 1300 pesos par mois (autant en dollars, 1 484 euros). A Buenos Aires, où le coût de la vie est aussi élevé qu'à Paris, ce n'est pas un luxe. Elle doit aider ses parents, qui touchent une retraite misérable. «Je bosse dix heures par jour. Si je proteste, mon employeur menace: des milliers de personnes acceptent ta place à moitié prix.»
Cristina, 36 ans, célibataire, en a fait l'expérience. Spécialiste en systèmes informatiques, elle travaillait pour une entreprise nord-américaine de télécommunications et gagnait 2 500 pesos par mois (2 854 euros). Surchargée