«L'OMC reste plus que jamais articulée autour du concept du trade before trade unions (le commerce avant les syndicats). On se bat pour que la mondialisation mette un peu plus d'argent dans les poches de salariés ordinaires. On se bat pour qu'elle crée des emplois plutôt qu'elle n'en supprime et pour qu'elle s'attaque à la pauvreté, au lieu de l'augmenter. On se bat contre les multinationales et contre les gouvernements qui ne l'ont toujours pas compris. A Doha, il y avait une formidable pression des pays en développement venus pour balayer tous nos efforts sur la question. Nos opposants se retrouvaient aussi dans les pays du Nord, qui ont tout fait pour que l'OIT soit tenue à l'écart de l'OMC sur cette question. Les événements se sont aussi ligués contre nous : les attentats du 11 septembre, l'accession de la Chine à l'OMC ont fait passer à la trappe nos revendications. Les marchandages ont été considérables. On a sacrifié la nécessité d'aller de l'avant sur le social pour un gain à court terme sur l'agriculture par exemple. Juan Somavia [directeur général de l'OIT] m'a dit qu'il fallait d'abord s'atteler à renforcer son organisation et pousser les gouvernements à s'activer sur la question. Kofi Annan [secrétaire général de l'ONU] m'a réaffirmé qu'il fallait davantage de cohésion entre les institutions de Bretton Woods [FMI, Banque mondiale] et celles des Nations unies. Mais les gouvernements ont des oeillères et refusent d'élargir la photo pour remettre les travailleurs au
Interview
«On va être des opposants actifs»
Article réservé aux abonnés
par Christian Losson
publié le 26 novembre 2001 à 1h44
Dans la même rubrique