C'est bien l'Etat qui avancera aux 3 700 salariés licenciés de Moulinex l'argent des «primes additionnelles de licenciement». L'argent public va officiellement remplacer l'argent privé dans un confit du travail. Une perspective qui faisait pourtant frémir le ministère des Finances. On comprend pourquoi : si le phénomène se reproduit à chaque faillite, le budget de l'Etat se transformera vite en tonneau des Danaïdes. Jusqu'à présent, les pouvoirs publics avaient toujours réussi à refiler le bébé à quelqu'un d'autre. Dans le conflit Cellatex, l'an dernier, c'était officiellement une collectivité locale qui avait versé la somme nécessaire à l'indemnisation des salariés licenciés. Selon nos informations, c'est bien l'ancien propriétaire de l'usine de textile, Rhône-Poulenc, qui avait débloqué les fonds, après une rocambolesque négociation entre les syndicats, Martine Aubry et Jean-René Fourtou, le Pdg du groupe chimique...
Moulinex, Cellatex, deux manières de résoudre le même problème : comment indemniser correctement les salariés licenciés en cas de faillite, quand la loi sur la responsabilité limitée des sociétés a fait disparaître tout actionnaire, laissant les victimes en tête à tête avec un liquidateur.
Il y a bien l'AGS, l'assurance garantie des salaires, gérée par les employeurs. Mais celle-ci ne garantit les dettes des sociétés vis-à-vis de leurs ex-employés qu'au niveau des indemnités prévues par le code du travail ou par les conventions collectives. Au-delà, circulez, il