Lorsque, à 5h30 hier matin, les ouvriers de Pessac sont arrivés pour édifier leur piquet de grève, la place était déjà prise. Une dizaine de camions de CRS bloquaient depuis matines les quatre entrées du petit Fort Knox situé dans la banlieue de Bordeaux où sont frappées toutes les pièces de monnaie qui circulent en France. Le conflit n'est pas nouveau. Il s'est noué le 15 novembre, lors des négociations sur la réduction du temps de travail, et, depuis, les ateliers sont bloqués à Pessac, comme à Paris. Mais il a pris un tour particulièrement spectaculaire hier. Tout cela à cause de quelques centaines de millions de pièces d'euros, stockées à Pessac, et du caractère symbolique d'un euro pris en otage avant même d'avoir accouché. En tout cas, le ministère des Finances, tuteur de la direction des Monnaies et Médailles, n'a pas lésiné sur les moyens.
Catimini. A Paris, quai de Conti, siège de l'administration, on est venu en catimini dans la nuit de dimanche à lundi récupérer les poinçons qui dormaient enfermés à double tour dans les chambres fortes. Ces coins en métal servent à régler les outils qui frappent les pièces en euros. Pour justifier son geste, Bercy a sorti les grands mots: «L'Etat n'était plus en mesure d'assurer ses fonctions régaliennes de frappe de la monnaie. Cela faisait 15 jours que la direction ne pouvait plus accéder aux chambres fortes.» D'où cette expédition nocturne.
Côté syndical, elle a choqué les esprits: «Ici, on se fait une très haute idée de notre mé