Peut-on être un grand groupe mondial d'origine française et laisser une de ses filiales étrangères ignorer une norme sociale fondamentale, celle de la liberté syndicale? La question est posée à Pinault-Printemps-Redoute (PPR), dont les pratiques peu reluisantes sur le territoire américain ont été révélées par des syndicalistes. Lundi, une délégation de quatre élus (CGT, CFDT, FO) des comités de groupe Europe et France de PPR a détaillé un récent voyage à Indianapolis, où sont installés deux sites (un millier de salariés en tout) de Brylane, filiale de Redcats, le numéro 3 américain de la vente par correspondance (VPC), acquis par PPR en 1999. Brylane fait barrage à l'implantation d'un syndicat en utilisant toutes les subtilités du droit américain.
«Petites merdes». Les Français ont été alertés par leurs collègues américains du syndicat Unite!. «On ne savait pas ce qu'on allait découvrir, témoigne Alain Perez, de FO Commerce. Mais c'est pire que ce que l'on pouvait imaginer. On a entendu des choses incroyables: des pressions, des menaces de licenciements, de l'intimidation. Dans cet établissement cerné de barbelés et sévèrement gardé par des vigiles, il règne comme une ambiance d'esclavage.» Impossible d'entrer: la direction refuse d'ouvrir les portes à la délégation. Les salariés rapporteront que le directeur de l'établissement juge indigne de discuter avec ces «petites merdes» («little pieces of shit»). Alors, les Français interrogent les employés à la sortie des équipes. Le