Taipei envoyé spécial
C'est le genre d'information dont un gouvernement se passerait bien à la veille d'élections législatives difficiles: Taipei a officiellement reconnu la semaine dernière que l'économie taïwanaise était entrée en récession, pour la première fois de son histoire moderne. Ce «dragon» tropical, qui avait bien résisté à la crise asiatique de 1997, enregistrera cette année une croissance négative de 2,1 % et doit faire face à une montée rapide du chômage qui dépasse déjà les 5 % de la population active. Pour un pays habitué au plein emploi et à 6 % de croissance annuelle en moyenne depuis trois décennies, le choc psychologique est rude.
Bilan. Le Parti démocratique progressiste (DPP) du Président Chen Shui-bian a d'autant plus de mal à défendre son bilan devant les électeurs appelés aux urnes le 1er décembre que cette crise économique se double d'une véritable crise de confiance dans l'avenir. Au même moment, en effet, la Chine communiste, qui fait pression pour une réunification entre Taiwan et le continent, continue de croître à un rythme rapide et attire comme un siphon les investissements étrangers et en particulier... taïwanais!
La récession taïwanaise a des causes objectives qui sont paradoxalement la rançon de son succès. Avec 40 % de ses exportations liées au secteur high-tech, et plus du tiers de celles-ci destinées au marché américain, le pays souffre directement de la crise du secteur technologique, du ralentissement de l'économie américaine, et de l'i