Londres de notre correspondant
A qui doit appartenir l'Ecosse? A quelques chefs de clan détenteurs de droits ancestraux, ou à tous ses occupants? Le Parlement d'Edimbourg examine depuis hier la question la plus difficile depuis son rétablissement en 1999. Aussi timide soit-il, le projet de réforme foncière (Land Reform Bill), déposé par le gouvernement autonome, provoque une petite révolution dans une province où la concentration des terres est la plus élevée du monde occidental.
Féodal. Dans un territoire grand comme trois fois l'Auvergne, 343 individus et sociétés se partagent plus de la moitié du domaine rural privé. Des montagnes, des lochs, des îles entières demeurent encore aujourd'hui la propriété d'un seul chef de famille, surtout dans les Highlands, ces hautes terres rugueuses à moitié désertiques, berceau des Scots. Loin des bouleversements politiques qui ont secoué le continent européen, le cadastre écossais n'a guère changé depuis l'époque féodale. Le mois dernier, Gigha, l'île la plus au sud de l'archipel des Hébrides (à l'ouest), a été rachetée à son maître Derek Holt, par ses 110 habitants, avec l'aide de la région et des donations privées, pour la modique somme de 3,85 millions de livres (6,4 millions d'euros). L'accord avait été célébré au whisky pur malt dans toute la province. En douze ans, ce rocher d'un hectare et demi qui comprend un petit hôtel, une piste d'aviation et un golf de neuf trous avait changé quatre fois de propriétaire et était devenu un symb