La baguette et le ticket de métro victimes du passage à l'euro dans les manuels scolaires. Nous sommes en 1999. Les éditeurs commencent à mettre sur le marché des manuels mixtes «francs-euros» à destination des écoles primaires. Problème: l'apprentissage des décimales ou des fractions n'intervient qu'en cycle 3 (CE2, CM1, CM2). Impossible donc de transformer une baguette à 3 francs en baguette à 0,46 euro dans les niveaux inférieurs. Elle a donc laissé place à la pochette de feutres à 3 euros. Idem pour la paire de chaussettes à 15 francs (pantalon à 15 euros). La bicyclette à 600 francs est devenue une paire de rollers à 80 euros. Enfin le ticket de métro a disparu ­ «Cela nous a rendu service: les provinciaux râlaient contre cet exemple», sourit Chantal Lambrechts de Hachette Education.

Longue mue. Ce travail d'adaptation a essentiellement touché les manuels de primaire. Au collège et au lycée, les références à la monnaie se font plus rares. Certaines matières résistent par ailleurs au passage à l'euro. Ainsi les manuels de sciences économiques et sociales, forts consommateurs de séries statistiques, n'achèveront leur mue que dans quatre ans. «Déontologiquement, on ne peut pas modifier les informations puisées dans des sources telles que le Fonds monétaire international ou la Comptabilité nationale. Or les séries statistiques sont formulées en francs et elles s'étalent sur cinq ans», précise Chantal Lambrechts. Par ailleurs, le renouvellement des ouvrages dans le secondaire