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Interview

«Si la culture rapportait de l'argent, ça se saurait»

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publié le 3 décembre 2001 à 1h50

Xavier Dupuis est économiste, chercheur au CNRS et spécialiste du secteur culturel. Il est responsable du DESS «Gestion des institutions culturelles» à l'université de Paris-Dauphine.

Est-il possible de calculer l'impact économique de la culture ?

L'exercice est délicat. Il est certes possible d'estimer, par exemple, la contribution d'un festival à une économie locale, mais, fondamentalement, vouloir réduire la culture à une équation chiffrée est une aberration. Le secteur culturel a des coûts clairement identifiables, en revanche ses bénéfices sont en grande partie intangibles, donc non directement chiffrables. La culture rapporte du sens, du contenu, pas seulement de l'argent, de l'emploi. Si la culture rapportait de l'argent, ça se saurait. Vouloir mesurer la culture à l'aune des instruments économiques conduit inévitablement à en sous-estimer la valeur.

Mais dans l'audiovisuel notamment, il existe des centres de profit. L'intermittence n'y est pas étrangère.

On connaît les chiffres d'affaires des entreprises du secteur, on peut avoir une évaluation de sa valeur ajoutée. Mais qu'elle est la part imputable exactement à l'intermittence ? Il est impossible de la déterminer. Cela dit, l'intermittence est nécessaire car l'audiovisuel n'est pas une industrie standardisée. Il y a des émissions qui sont dupliquées, mais la majorité des produits audiovisuels relève de la gestion par projet, qui réclame un système de main-d'oeuvre flexible.

Comment expliquer l'explosion du secteur, qui