Menu
Libération

Les touristes japonais déboussolés

Article réservé aux abonnés
Mal ou peu informés sur l'euro, certains se font escroqués à leur arrivée en Europe.
publié le 4 décembre 2001 à 1h50

Dans le jargon des tours operators nippons, l'excuse bredouillée trahit un début de panique: «L'euro? Nous ne sommes pas encore capables de vous renseigner. Mais ne vous inquiétez pas, nos guides s'occuperont de tout sur place à partir du 1er janvier...» L'employée qui peine à répondre travaille dans une agence de Japan Travel Bureau (JTB) à Tokyo. Ses clients sont des hommes d'affaires envoyés par leur compagnie à l'étranger, ou des salariés qui profitent de leur pause pour arranger leurs vacances annuelles, en général une semaine tout compris à travers l'Europe, les Etats-Unis ou sur les plages de Hawaii. 17 millions de Japonais partent chaque année à l'étranger, et le Vieux Continent est une des destinations les plus prisées. Or voilà que l'euro vient chambouler les rouages bien huilés du principal voyagiste nippon: «Les Japonais ont toujours tendance à s'inquiéter, explique Yuki Aruga, ex-employée de JTB partie travailler pour un concurrent. Le problème est surtout leur naïveté. Sur place, certains sont prêts à gober n'importe quelle explication d'un guide bidon. L'euro risque d'être une superbe opportunité pour les escrocs.»

Crédulité. Un risque? Plutôt une réalité. Depuis quelques semaines, des margoulins nippons ou des gaijins (Occidentaux) capables de s'exprimer en japonais ont été repérés dans plusieurs aéroports européens en train d'accoster des touristes de l'archipel pour tenter de les délester, sous prétexte de la mise en service de l'euro, des devises échangées