Ce n'est ni un brûlot ni une bombe. Juste une enquête d'un journaliste, critique, documentée, bourrée d'exemples. Le Crédit agricole hors la loi, signé Jean-Louis Izambert (éditions Carnot), vient pourtant de voir sa parution reportée d'une semaine, sur décision judiciaire et à la demande de la Banque verte. Personne n'a lu le livre, mais il ne fallait pas gâcher le baptême boursier de la banque : «Quel que soit son contenu, sur lequel nous ne pouvons nous prononcer, indique le jugement en référé du tribunal de Versailles, sa publication en pleine préparation est de nature à porter une atteinte grave à la réputation du Crédit agricole et influer sur les candidats actionnaires.» Réputation ? On y apprend, mais ce n'est pas une surprise, que nombre de paysans (parfois adhérents de Verte France...), acculés à la faillite et parfois au suicide, pensent pis que pendre du Crédit agricole. Que ses responsables se croient souvent intouchables («une véritable culture d'entreprise», selon l'auteur), tant ils savent multiplier les casquettes et les réseaux d'influence. Que la banque, comme ses homologues, abuse des paradis fiscaux au service d'hommes d'affaires à la réputation chancelante. De quoi faire saliver la Bourse, qui apprécie les banquiers fouettards. Mais le Crédit agricole, plus habitué aux comptes rendus d'activités complaisamment résumés par la presse locale (avec photo du conseil d'administration réuni autour d'un vin d'honneur), rechigne à saisir le miroir qui lui est te
Le livre qui agace le Crédit agricole
Article réservé aux abonnés
par Renaud Lecadre
publié le 11 décembre 2001 à 1h55
Dans la même rubrique