Francis Poullain est l'un des quarante-cinq ouvriers monnayeurs français. Délégué CGT, il a 53 ans et trente ans de maison à la Monnaie de Paris. Avec ses 400 collègues de l'usine de Pessac (Gironde), où sont fabriqués les euros, il fut l'un des premiers Français à avoir «touché» la nouvelle monnaie.
L'euro a-t-il représenté un grand changement dans votre façon de travailler?
C'est déjà loin pour nous le passage à l'euro. Nos années fortes étaient 1999 et 2000. Et début 2001. Aujourd'hui, on n'est déjà plus au pic de l'euro. On a fait notre boulot. Mission accomplie. Maintenant, on va passer en monnaie d'entretien. Les premiers temps, on a un peu tâtonné. Comme on a voulu être pointu par rapport aux faussaires, il a fallu adapter l'outillage, les diamètres, les épaisseurs de petites rondelles pour avoir un produit fini. Il a fallu qu'on connaisse les pièces. Mais ça vient assez vite De toute façon, l'euro n'a plus rien à voir avec le franc. Par exemple, la pièce de monnaie (le franc, ndlr), quand vous la prenez dans vos doigts à l'endroit et que vous la faites pivoter sur elle-même, le dessin sur l'autre côté apparaît à l'envers, ça veut dire «frapper une monnaie». C'est l'inverse dans le cas de l'euro. Si vous faites la même opération, vous verrez l'autre coté à l'endroit. On dit qu'il est frappé en médaille. Vous vous rendez compte, le changement: pendant vingt-cinq ans, quand on faisait des médailles, elles allaient au rebut. Maintenant, c'est le contraire.
Et dans les ateli