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Libération
Critique

Ils étaient de grands navires

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publié le 17 décembre 2001 à 1h59

Sur une mer grise, un navire prend le large vers un horizon blanc bouché. C'est le Stolt Perseverance, dernier navire construit par les Ateliers et chantiers du Havre (ACH). On est le 4 mai 2000 et les ACH vont bientôt mourir. Il n'y a plus aujourd'hui qu'un seul grand chantier naval en France, celui de l'Atlantique à Saint-Nazaire. Mais, du Havre, restent la mémoire de ceux qui y ont travaillé et des centaines de photos, cartes postales, illustrations... Olivier Boudot a récolté le tout pour en faire un livre grand format retraçant deux siècles d'industrie navale au Havre : la Grande Traversée des ACH (1).

Dans les années 50-60, les contremaîtres des Chantiers habitaient presque à demeure. L'entreprise avait acquis quelques maisons à droite de l'entrée principale, dans le quartier des Neiges. «Les jours de Tour de France, raconte Olivier Boudot, il régnait dans ces demeures une atmosphère de fête. Les enfants inscrivaient sur des pancartes le nom du vainqueur, et par les fenêtres ouvertes, les traceurs de la salle à tracer étaient informés sur-le-champ.» Mais cette vie rassurante auprès de l'usine n'a pas tous les jours la joyeuseté d'une course cycliste.

Les photos montrent un travail dur et pénible, la chronologie de l'entreprise atteste de crises et de revirements liés à une activité très cyclique qui ne vit depuis le XIXe siècle que grâce aux aides de l'Etat. Mais la nostalgie joue et, au fil des pages de cette Traversée, on préfère garder en mémoire la fierté éprouvée lo