Ils veulent devenir «vétérinaire pour soigner les animaux», «médecin pour aider les gens», «avocate pour les sortir de prison», «pompier pour les sauver» et «jardinière pour s'occuper des plantes». Ou bien ils se rêvent en «footballeur» pour les garçons, «danseuse» ou «chanteuse» pour les filles. Pour les enfants de cette classe de CE2 de l'école Brunet, dans le XIXe arrondissement de Paris, le monde du travail reste majoritairement peuplé de superhéros, des sauveurs(ses), des guérisseurs(ses), ceux-là mêmes qui nourrissent leurs lectures et jeux quotidiens. De l'univers professionnel des adultes, ils ont néanmoins une vision assez précise, et même plutôt mature, dictée par ce qu'ils en perçoivent au travers de l'activité de leurs parents. «Oui, disent-ils, le travail est nécessaire, obligé.» Ils ont intégré, déjà, qu'il faut travailler «pour gagner de l'argent», «faire vivre sa famille». La notion de plaisir n'est pas très évidente dans leur esprit, sauf pour ceux (rares) dont les parents ont des professions artistiques : «Ma maman, qui est professeur de chant, elle aime son travail.»
Le chômage, en revanche, tous en parlent d'une même voix : «C'est quand on perd son travail», «qu'on n'a plus d'argent», «qu'on ne peut plus rien acheter», «qu'on est à la rue». Une petite fille dont le papa est sans emploi dit : «Le travail lui manque beaucoup. Il en parle souvent.» Dans l'ensemble, leurs deux parents travaillent. Hormis les fils et filles de «policier», «infirmière», «banquiè