Genève envoyé spécial
Pour un peu, l'ambiance serait champêtre. A Genève, sur le chemin qui mène au siège de l'Organisation internationale du travail (OIT), une poignée de chevaux s'ébrouent dans l'herbe grasse, une statue de bronze toise du regard le ciel tourmenté. Mais, très vite, un paquebot de béton surgit. Construit en 1975, il est divisé symboliquement en trois parties devant évoquer la principale spécificité de l'OIT: le tripartisme associant gouvernements, employeurs et syndicats. Sur le plan de l'architecture, le siège évoque plutôt l'héritage d'une époque révolue la guerre froide et le poids du bloc soviétique dans l'organisation. «L'URSS et ses satellites militaient pour les droits du travail par principe, se souvient un représentant syndical. Et il y avait une alliance tacite entre les pays occidentaux, les syndicats libres et les employeurs contre le socialisme d'Etat.»
Rien de rebelle. Douze ans après la chute du mur de Berlin en 1989, l'OIT émerge à peine. Evoquer des «aspects sociaux de la mondialisation», comme le répète Juan Somavia, le directeur général du BIT (Bureau international du travail), l'organe exécutif de l'OIT, a longtemps été un exercice délicat. «On a souffert de la chape de plomb de la pensée unique, de l'euphorie d'un libéralisme sans filet», convient un représentant des employeurs. Difficile, résume donc Maria Ducci, qui appartient au cabinet de Somavia, de se remettre d'une «longue gueule de bois idéologique».
Les discours se musclent do