Cher Wim,
Ce matin, je me rends à ma banque, sur la Wisconsin Avenue, pour remplumer un peu mon compte local américain. Là, je rédige mon premier chèque
en euros. Je suis fier, je t'assure! Mais tout à coup ma banquière, dont j'appréciais jusque-là le professionnalisme, regarde d'un oeil vide le chèque: «Euh, dites, c'est quel pays, ça?»
Je t'avoue que j'ai failli suffoquer. Je lui ai rétorqué avec mon meilleur accent «inspecteur Clouzot»: «Yourop, of course!»
A cet instant, je me suis rendu compte que, pour la première fois, j'avais désigné l'Europe comme un «pays». Ce fut un peu grisant, mais pas suffisamment pour effacer l'humiliation précédente: la découverte que les Américains n'ont jamais entendu parler de l'euro.
Tout cela pour te dire, mon cher Wim, que, question communication internationale, tu es assez mauvais. Pas un mot, ici, dans les médias sur l'événement du nouvel an. Imagine combien d'articles nos journaux européens tartineraient si le dollar disparaissait? Pour fêter l'euro, j'imaginais que tu aurais organisé ici, dans la gueule du dollar, douze jours de fêtes somptueuses et de bals étourdissants, avec feux d'artifice et buffets historiques! Au lieu de cela, pour toute célébration, monsieur l'ambassadeur européen à Washington organise une sorte de goûter le 31 décembre, «de 16 h 30 à 19 heures»! Bon, OK, il a un petit budget. Mais maintenant que tu as une belle planche à billets toute neuve, tu aurais pu lui donner un coup de main.
(1) Pour toute réclamation ou