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Libération
Interview

«Une image de la femme qui date encore du XIXe siècle»

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publié le 17 décembre 2001 à 1h59

Pendant que papa travaille, que fait maman dans les livres pour enfants ? Pas grand-chose, ou plutôt rien de gratifiant. L'association européenne «Du côté des filles» a épluché entre 1996 et 1997 la quasi-totalité de la production d'albums illustrés de trois pays (Espagne, Italie et France). Relançant le débat féministe des années 70 sur les représentations sexistes véhiculées par la littérature enfantine, elle a découvert que pas une seule femme n'était représentée avec un attaché-case (symbole du travail masculin), pas une avocate ne peuplait les livres pour enfants. Un seul homme repasse, mais c'est un ours.

L'univers de travail n'est pas directement décrit dans la littérature enfantine : seuls 32 % des hommes sont mis en situation, et encore moins de femmes (15 %), généralement cantonnées dans des métiers dits féminins (vendeuse, maîtresse, infirmière...). Et si on les décrit dans un métier plus valorisant et technique (horlogère ou cordonnière), elles l'exercent en dépit du bon sens comme cette vache pilote d'avion qui finit sa course dans un mur. Fondatrice de l'association Du côté des filles, Adéla Turin est écrivaine pour adultes et enfants. Elle estime que la littérature enfantine doit être engagée.

Pourquoi votre travail analytique porte-t-il précisément sur l'image?

Les adultes ne lisent pas les images en tant que symboles, alors que les enfants les décryptent parfaitement. La mère est vue de dos à son évier, elle a un tablier, tandis que le père regarde la télévisio