Berlin de notre correspondante
En ouvrant à 9 heures hier matin, la Dresdner Bank située à la porte de Brandebourg, au centre de Berlin, a été prise d'assaut, comme toutes les agences bancaires allemandes. «En quelques minutes, on a vendu les 150 premiers sachets, à une heure où d'habitude, on ne voit jamais personne», se réjouit le directeur de la filiale, Michael Schwuchow. Dernier pays d'Europe, avec la Grèce et le Portugal, à mettre en vente, depuis hier seulement les «starter-kits», ou petits sachets de 20 pièces d'euros, l'Allemagne a connu le même engouement que partout ailleurs, malgré l'attachement persistant des Allemands au deutschemark.
«Etrennes». «Je n'abandonne pas le deutschemark sans une certaine mélancolie», avoue Walter, 69 ans, Berlinois de l'Ouest, venu acheter deux sachets à l'agence de la porte de Brandebourg, pour lui et sa femme de ménage, «pour ses étrennes», confie-t-il. «Le deutschemark, ce fut une monnaie très stable, qui est étroitement associée au redressement de l'Allemagne après la guerre», explique-t-il. Il se souvient encore de l'introduction du deutschemark, le 20 juin 1948: «Mon père était allé chercher les premiers D-marks à la banque et, sur le chemin du retour, il nous les a montrés, à mon frère et à moi, mais sans nous en donner. Aussitôt après, dans les magasins, on a vu réapparaître toutes les marchandises qu'on n'avait plus vues depuis longtemps. Je me rappelle surtout des vêtements, car auparavant on devait se promener en haillons,