Il y a quelque chose de complètement paradoxal dans ces coupures de courants en Espagne. A deux pas se trouvent la France, ses multiples centrales nucléaires, ses barrages hydrauliques... et ses surcapacités en électricité. Une offre abondante et excédentaire, qui n'est pas remise en cause par la vague de froid. Alors, pourquoi ne pas vendre de l'électricité aux Espagnols ? Tout simplement parce que les lignes électriques entre les deux pays, pas assez nombreuses, sont complètement saturées.

La situation est connue depuis des années par les gouvernements français et espagnol. Mais ils ont dû faire face à des obstacles environnementaux, économiques ou politiques. En 1996, un projet de ligne à haute tension passant par les Pyrénées a été annulé au dernier moment par Alain Juppé pour ne pas se mettre à dos les associations écologistes locales. Les compagnies privées espagnoles ont ensuite eu longtemps peur de la concurrence du géant EDF et de sa capacité à vendre à bas prix de l'électricité. Pour compliquer le tout, l'Union européenne s'est mêlée de la question lors des négociations sur l'entrée d'EDF dans le capital d'Hidrocantabrico, le troisième électricien espagnol.

Du coup, les gouvernements espagnol et français n'ont réussi à s'entendre qu'en août dernier. Ils ont signé un accord prévoyant la création d'une nouvelle ligne à haute tension passant sur le trajet de la future ligne TGV Perpignan-Barcelone. La concertation avec les populations locales a commencé cette semaine. M