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Libération

Ambiance fin de règne délirante

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publié le 22 décembre 2001 à 2h02

Depuis trois jours, des taxis sont garés en double file devant le magasin Marks & Spencer du boulevard Haussmann à Paris. Des vieilles femmes, des hommes âgés les font patienter. Le temps d'aller se ravitailler en thé, en confiture ou en soutien-gorge grande taille, les spécialités maison, dans la boutique phare de la chaîne anglaise qui doit fermer ce samedi après-midi. Pour les vendeuses, l'approche de la fermeture définitive a rendu «hystériques» les consommateurs. Elles sont à bout. «Depuis presque une semaine, on n'a pas le temps de respirer, explique Michelle. Pas le temps de lever la tête, de discuter avec les copines, ça défile sans arrêt.»

Brutalité. En fin de journée, les rayons sont dans un désordre indescriptible. Des boîtes de thé se battent en duel avec des chips. Des paquets de biscuit éventrés traînent sous les néons blafards. Les clients ont oublié toute compassion envers les salariés. Lors de l'annonce de la fermeture, le 29 mars, en passant en caisse, «les mamies nous souriaient gentiment, en nous disant de tenir le coup et de faire grève pour protester contre la brutalité de notre direction, se souvient Josée. Aujourd'hui, plus rien. Tout ce qui les inquiète, c'est de manquer d'earl grey pour le petit déjeuner.» «On se fait houspiller sans arrêt, poursuit une de ses collègues. Parce que les rayons sont vides, parce qu'il faut attendre devant les caisses.» Alors vendredi, pour faire une pause dans cette ambiance de fin de règne délirante, les salariés de Ma