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Libération

Le moral dans les souliers

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publié le 22 décembre 2001 à 2h02

Moussey (Moselle), envoyée spéciale.

Ce jeudi, à la sortie de l'atelier, les deux copines se sont embrassées en pleurant. Plus de vingt ans qu'elles travaillent ensemble, et elles savent que ce jour-là est leur dernier chez Bata. Elles ne sont pas revenues vendredi, avant les congés officiels. A quoi bon? Voilà plus de quinze jours qu'elles ne font même plus semblant de monter des chaussures et trompent l'attente en fabriquant des porte-monnaie et des sacs à main pour elles et leurs proches.

Vendredi, à Moussey en Moselle, l'usine de Bata Hellocourt a fermé ses portes, définitivement. Le 3 janvier 2002, c'est une nouvelle société, Hello SA, qui accueillera 268 salariés. Entre-temps, 526 personnes auront été licenciées. Les lettres de licenciement arriveront samedi au mieux, la veille de Noël au pire.

Trac. Bata ferme et les salariés ne savent rien, ou si peu de chose. Qui part? Qui reste? Les rumeurs en tout genre circulent. Une femme explique autour d'elle: «Tout le monde va recevoir une lettre. Si elle est de Bata, c'est que tu es viré. Si c'est des autres (Hello SA, ndlr), ils te gardent.» Les plus optimistes veulent y croire; les autres haussent les épaules. Martine, 40 ans, a demandé à être «sur la liste» [des licenciés]. Pas par choix, par réalisme: elle fait partie de ces 330 salariés qui, chaque jour, empruntent les bus Bata qui sillonnent les communes alentour pour amener les travailleurs sur le site d'Hellocourt, niché dans la forêt. «Ils ont promis de maintenir les b