Bangkok correspondance
Dans une arrière-cour d'une usine de la banlieue de Bangkok, des ouvriers entassent des cartons siglés «Majorette made in Thailand» bourrés de voitures miniatures destinées aux étalages des grands magasins d'Asie, d'Europe et d'Amérique. Longtemps un des fleurons de l'industrie française du jouet, le groupe Majorette a décidé de concentrer 100 % de sa production en Thaïlande. En difficulté financière, l'entreprise a été rachetée en 1996 par l'Allemand Triumph Adler. Son usine historique de Rillieux-la-Pape, près de Lyon, a baissé le rideau mi-décembre. 237 personnes sur 345 ont perdu leur emploi au profit d'une délocalisation totale et définitive au coeur de l'Asie du Sud-Est. Seule rescapée de cette expatriation du troisième fabricant mondial du jouet: une usine en Normandie produit encore des modèles de sa marque Solido, pour une clientèle de collectionneurs. «La décision de fermer Lyon devenait irréversible à cause de la hausse des coûts de la main-d'oeuvre et des matières premières, zinc et plastique», explique Richard Mamez, directeur général de Majorette, en visite sur le site thaïlandais.
140 euros par mois. Depuis 1987, l'entreprise est propriétaire d'une usine nichée au coeur de l'imposante zone industrielle de Pathum Thani à 40 kilomètres au nord de la mégapole thaïlandaise. Son millier de salariés assemble tous les jours 120 000 voitures et motos, soit 40 millions de pièces par an. «Ce label made in Thailand, on n'en a pas honte», plaide Franc