Londres de notre correspondant
Tim Martin dirige l'une des compagnies les plus florissantes du royaume, une chaîne de pubs, JD Wetherspoon. Il est également l'un des adversaires les plus farouches de la monnaie unique. En septembre, il a fait imprimer 500 000 dessous-de-verre destinés à ses 550 établissements. Les cartons appellent à «Sauver la livre» ou représentent un bock frappé du symbole de l'euro et accompagné de la mention: «Tirons-lui dessus!» A partir du 1er janvier, les touristes qui débarquent du continent pourront néanmoins payer leurs pintes de bière dans la nouvelle devise. Douze pubs JD Wetherspoon, situés dans les aéroports ou près des ferries, prendront la monnaie honnie. «Chacun connaît notre hostilité à l'euro, mais nous sommes aussi une entreprise commerciale. Ces pubs toléraient déjà les marks et les francs», explique le porte-parole de Tim Martin.
A contrecoeur. Difficile parfois de concilier les principes et le sens des affaires. Même hors jeu, la Grande-Bretagne se prépare activement au big bang monétaire. Selon une enquête réalisée cette semaine par le quotidien The Guardian, un tiers des principaux commerces vont accepter les paiements en euros. Marks & Spencer, Virgin, les grands magasins Harrods et Selfridges, les pharmacies Boots, les librairies Waterstone's et Smith, les stations-service BP sont déjà prêts à sauter le pas. Certains à travers tout le royaume, d'autres uniquement à proximité des lieux touristiques ou dans les ports et les aéroports.