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Libération

Tu repasseras

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publié le 25 décembre 2001 à 2h04

Cher Wim,

Je ne sais pas si vous avez ce genre de problème, là-bas, chez vous, à Euroland. Ici, dans la population «bobo» jouissant d'un certain pouvoir d'achat doublé d'un réel désir de frime, nous avons ce qu'il est convenu d'appeler des femmes de ménage, que nous payons, très politiquement correct, en chèque emploi et en francs, si tu vois où je veux en venir. Certaines de mes amies bobos en ont profité pour arrondir à la hausse, passant l'heure à dix euros, je ne te dis pas combien ça fait en francs, tu le sais mieux que moi, au lieu des 60 francs en vigueur. Suis pignouf mais pédago. J'ai décidé d'expliquer, en toute simplicité, l'euro à ma microscule et adorable Philippine, bilingue d'un anglo-philippin assez personnel, mais redoutablement efficace, ce qui, dans nos échanges, se traduit par un informel langage de gestes mimant un fer à repasser ou des petits mots style «please make the hoover in the living». Me la pétant un poil Deneuve dans Indochine, j'entreprends donc, profitant d'une longue séance d'«ironing», d'expliquer le chèque emploi, plus petit, mais qu'en fait c'est pareil, des fois que Cita se dise qu'on l'arnaque avec une monnaie de singe qui paye plus petit. «You know, Cita, in Europe, we change of money, but it's the same for you, don't worry. It's like a franc, but it's called euro, to harmonise the community. So you will be payed in euro. 45 euros on the cheque emploi service.» Silence. Et sous le fer on me répond: «Yes madame, I know, I read it in the