Microsoft le claironne sur tous les tons, le logiciel est une oeuvre de l'esprit et le respect de sa propriété intellectuelle est une condition indispensable au bon développement de l'industrie informatique. La firme vient même de lancer une grande campagne contre la copie illégale de logiciels en demandant à ses utilisateurs «d'exiger l'original». Ce que l'on sait moins, c'est que le premier éditeur mondial de logiciels a récemment été condamné par les tribunaux français pour cette même «contrefaçon» qu'il dénonce dans une brochure envoyée à plusieurs milliers d'entreprises.
Cette sentence plutôt embarrassante est tombée dans la plus grande discrétion, le 27 septembre, et condamne la firme à payer trois «petits» millions de francs (400 000 euros) de dommages et intérêts à deux inventeurs d'un logiciel d'images de synthèse en trois dimensions (3D). Les plaignants réclamaient eux 130 millions de francs (19,8 millions d'euros) et n'ont guère été étonnés que Microsoft fasse appel, «histoire de gagner encore du temps», disent-ils. Mais ce résultat constitue déjà un premier aboutissement d'un long combat engagé il y a six ans devant la justice.
«Spoliés». Passablement compliquée, cette histoire est celle de deux créateurs qui se sont sentis «spoliés, dépossédés de leur travail et de ses fruits», comme le dit Raymond Perrin, un des deux plaignants. A la fin des années 1980, cet architecte nourri d'images de Tex Avery et de Walt Disney décide de développer ses propres outils pour réa