Que les amoureux de bagarre juridique, de lutte de pouvoir et d'affaire de gros sous se pourlèchent les babines: voilà un bon et grand feuilleton qui est reparti de plus belle. Et qui devrait durer longtemps. «On va en avoir au moins pour un an et demi», soupire, déjà las, un proche du dossier. Les groupes français de grande distribution, Carrefour, Casino et Cora, ont choisi de soigner jusqu'au bout leur scénario. On pensait leur querelle enterrée. Vendredi, il a rebondi d'une façon spectaculaire. Furieux d'avoir un intrus dans son capital, le patron de Cora, Philippe Bouriez, a décidé de tenter le tout pour le tout en attaquant en justice Casino et Carrefour. Décision d'autant plus surprenante qu'il y a deux mois la Commission européenne et le tribunal de commerce de Paris avaient donné raison à ces deux ennemis. Mais l'homme a de la ressource. Petit retour.
Trahison? Depuis décembre 1996, Philippe Bouriez, le patron propriétaire du groupe familial Louis Delhaize (qui détient 58 % de GMB, le holding qui contrôle les 66 hypermarchés français de Cora et les 167 supermarchés Match), a un gros problème. Il doit partager une partie de son pouvoir avec Carrefour, qui, à la suite d'une guerre familiale épouvantable, a réussi à racheter les parts détenues dans GMB par le frère et la soeur aînée de Philippe Bouriez. Pendant trois ans, les deux groupes vont vivre côte à côte, mais en s'ignorant. En janvier 2000, le lendemain de la fusion entre Carrefour et Promodès, la Commission eur