«Fils de montagnard, je suis pisteur dans les Alpes depuis huit ans. Combinaison et chaussures de ski du matin au soir, je suis en tournée sur la neige ou en permanence dans ce chalet en bois en haut des télésièges. Entretien des pistes, ouverture et fermeture, accueil des touristes, prévention et informations sur le temps, la qualité de la neige. Les skieurs viennent souvent nous voir pour discuter au début de leur journée. On n'oublie jamais de les mettre en garde contre le hors-piste, bien tentant avec une bonne neige et un bon soleil, mais tellement meurtrier. Des accidents, il y a en a sans arrêt. Je me souviens, il y a trois ans, qu'une jeune Tchèque en vacances a fait du hors-piste, là-haut près du pic de l'Aiguille, à pas loin de 3 200 m. Tout d'un coup, elle a dévissé et dévalé 800 m dans les roches... Malgré ce qu'on pourrait croire, nous ne sommes pas tous des fils de montagnard, certains d'entre nous viennent de la plaine ou du bord de mer et ont adopté nos cimes et la rudesse du caractère savoyard. L'été, on bricole, moi je travaille avec une petite entreprise de maçonnerie-décoration. J'ai aussi fait des travaux d'électricité. J'essaie de rester dans le coin parce qu'avec la famille, sinon, c'est trop compliqué. C'est un métier assez traumatisant. Je ne me vois pas pisteur jusqu'à 40 ans, dix heures par jour avec ma combinaison aux couleurs de la station.
«Ici, on travaille dans des conditions plus difficiles qu'avant question salariat. Le temps d'habillage, par