Le pot de tarama est vide, je n'ai plus un seul ticket de métro et j'en suis réduite aux échantillons de dentifrice. J'ai passé une semaine à esquiver l'euro. Mais les chausse-trappes sont chaque jour plus nombreuses, et je m'apprête à rendre les armes. Récit d'une semaine de résistance, plus ludique qu'idéologique.
Lundi 31 décembre
Derniers préparatifs avant de prendre le maquis. Combien de temps puis-je tenir sans avoir l'animal en main? J'ai 500 francs en poche retirés la veille. Une Carte bleue et un chéquier (en euros depuis déjà longtemps car la Poste est prévoyante). J'applique à la lettre les conseils du journal de ce matin: j'achète une cartouche de cigarettes. Un demi-pain polka (8,55 francs) que je mets au congélateur. Deux paquets de Lavazza, un boursault, une boîte de tarama, du démaquillant et de la crème hydratante Nivea.
Minuit trente-cinq: direction Pantin. Le métro est gratuit, ça fait toujours un ticket d'économisé.
Mardi 1er janvier
L'avantage de la gueule de bois, c'est qu'on n'est pas porté sur la dépense. Je me décide à finir la première couche de peinture de la cuisine. Mustapha passe à la maison. Il n'a pas trouvé de fleuriste, alors il a apporté des pâtisseries orientales. Ça évite de taper dans les rations de survie. Mustapha, lui, il était fin prêt pour l'euro. Ce matin, il s'était muni de son kit pour aller au Lavomatic. Mais les machines ne prenaient que des francs. Il a dû aller changer à la boulangerie du coin. Les déclarations antieuro de Villier