Quand deux laboratoires pharmaceutiques annoncent leur fusion, ils récitent toujours la même table d'addition: «1 + 1 = 3». Et d'insister sur les synergies en matière de recherche et de développement. «Plus gros, pour une recherche plus efficace»: voilà en gros le slogan marketing, politiquement correct, de tout laboratoire fusionné. Quand ils ont annoncé leur mariage en 1999, le français Rhône-Poulenc et l'allemand Hoechst n'y ont pas dérogé. Ils ont de plus raconté au marché financier une belle histoire sur le concept de sciences de la vie, réunion des technologies du vivant animal, végétal et, bien sûr, humain.
Virage. Très vite, le groupe a pris un virage à 180 °. Effrayé par la levée de boucliers face aux OGM, Aventis a décidé de se recentrer sur son seul métier de laboratoire pharmaceutique, pour devenir «pure pharma», selon l'appellation en vigueur sur les marchés financiers. Toutes les branches du groupe ont donc été coupées. L'activité agrochimique Cropscience a été vendue au géant allemand Bayer. Tandis que la filiale nutrition animale a, elle, été cédée à une société de capital-investissement britannique. Quant à la participation de 25 % dans le groupe chimique Rhodia, elle est mise aux enchères.
Cure. En matière de recherche, le groupe a soldé l'ancien site américain de Rhône-Poulenc puis essayé, en vain, de céder celui de Romainville. Le but est toujours le même: concentrer à un même endroit plus de moyens et de chercheurs. Les dommages collatéraux ont été lourds.