Stockholm, de notre correspondant.
La Suède est l'un des trois pays de l'Union européenne (UE) à ne pas avoir adopté l'euro. Cette semaine, le Premier ministre social-démocrate Göran Persson, très prudent jusqu'à présent, a toutefois lancé l'idée d'un référendum sur l'adhésion à l'Union économique et monétaire (UEM), qui pourrait se tenir en 2003. En cas de «oui», selon son calendrier, les Suédois feraient leurs courses en euros à partir du 1er janvier 2006. Libération a demandé à Åke Daun, ethnologue à l'université de Stockholm, les raisons du scepticisme des Suédois et leur réaction à la nouvelle monnaie.
Comment les Suédois ont-ils réagi au passage à l'euro?
On ne constate pas de changement brutal de l'opinion. Celle-ci suit la même tendance que depuis six mois, à savoir un lent retournement de l'opinion en faveur de l'euro. S'il y avait un référendum aujourd'hui, l'adhésion à l'UEM l'emporterait. Cela tient au fait que l'euro est devenu une réalité; ce n'est pas sans influence sur les Suédois habitués à voyager dans le reste de l'Europe de l'Ouest. Ce n'est plus seulement un projet politique, et même en Suède, on peut maintenant payer en euros dans certains magasins.
Les Suédois auraient-ils des regrets, de ne pas «en être»?
L'élément le plus émotionnel sur lequel repose l'identité suédoise est que nous, Suédois, nous sommes modernes, nous n'avons rien de conservateur. Dans certains pays, on sera fier de son histoire, de son héritage culturel, la tradition est une valeur en s