L'euro, c'est bien, mais le citoyen européen n'aura pas avant longtemps la possibilité de jauger son salaire à une aune commune, qu'il soit informaticien ou métallo. Les comparaisons de salaires entre les douze pays de l'Euroland, ainsi que dans l'Union, n'existent pas pour des qualifications comparables. Une lacune pas du tout anodine qui révèle une Europe des salariés moins unie qu'on veut bien le dire.
A la Direction de l'emploi de la Commission européenne, on avoue facilement ne pas être très à la page: «Nous ne disposons pas vraiment d'informations comparatives sur les salaires, contactez plutôt nos collègues de la direction générale économie-finances.» La Commission ne connaît pas les salaires en Europe. Un peu fâcheux, alors que Bruxelles doit, à la fin du mois, présenter une série de mesures destinées à faciliter la mobilité des travailleurs dans l'Union. Eurostat, l'institut statistique de la Commission, fournit une étude comparative sur «les gains mensuels bruts en euros, par profession». Où l'on apprend qu'un «vendeur de magasin» perçoit 1 013 euros en France, 818 euros en Espagne et 1 667 en Allemagne. Ou qu'un «membre des corps exécutifs et législatifs (sic), cadre supérieur de l'administration, cadre supérieur d'entreprise», gagne entre 2 516 euros (Allemagne) et 898 euros (en Grèce). Hélas, ces chiffres datent de... 1995, l'euro n'était même pas né! «Il faudra attendre 2003 ou 2004 pour leur actualisation», indique-t-on chez Eurostat. Finalement, c'est l'OCDE q