Londres, de notre correspondant.
Regard effrayé du caissier, qui recule à la vue du billet. «Je crains que les euros ne soient pas acceptés.» Sa voisine, soucieuse de ménager le client roi, corrige: «Pas encore.» Dans sa bouche, le mot devient «yourosse», comme s'il parlait d'une obscure monnaie sud-américaine. Il le scrute, le palpe, le retourne avec méfiance, puis disparaît et revient avec sa supérieure, toute aussi embarrassée. Pourtant, avant le 1er janvier, la grande chaîne de produits pharmaceutique Boots se déclarait prête à prendre les euros au même titre que la livre sterling dans ses établissements les plus fréquentés par les touristes. A Knightsbridge, l'un des coeurs commerciaux de Londres, le message n'a pas été transmis. La femme n'a pas entendu parler d'une seule succursale passée à la monnaie unique. «Peut-être dans les aéroports?»
De l'autre côté de Brompton Road, en revanche, le grand magasin Harrods a déjà réalisé le grand bond en avant et l'a largement fait savoir. Mais presque aucun de ses clients n'en a profité. La caissière, après un moment de surprise, tape sur sa machine d'un doigt hésitant. La conversion en euros s'affiche automatiquement. «Vous êtes le premier», s'écrie-t-elle tout émue.
Vendeurs envieux. A Londres, il n'y a pratiquement que des journalistes ou des parlementaires europhiles à avoir étrenné la nouvelle monnaie. Sceptiques, jaloux, résignés... les Britanniques ne savent pas trop quoi penser de cette aventure entamée sans eux. Les enquêt