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Libération

Un sidérurgiste dévoreur de touristes

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En trois ans, Preussag est devenu le premier voyagiste européen.
publié le 14 janvier 2002 à 21h40

Berlin correspondance

Inutile de chercher dans les racines de Preussag une ancestrale fibre voyageuse. Jusqu'en 1998, Preussag n'avait pas une seule participation dans le secteur du voyage. C'était un groupe d'industrie lourde: sidérurgie, activités houillères et chantiers navals. Trois ans plus tard, le tourisme représente plus de 75 % du chiffre d'affaires de Preussag, soit 12,2 milliards d'euros. Et l'allemand est devenu le premier groupe européen du tourisme. Cette incroyable mutation est l'oeuvre d'un homme: Michael Frenzel, 54 ans, propulsé à la tête de Preussag en 1994. «La sidérurgie, c'est bien joli, mais cela ne rapporte pas beaucoup. Il faut trouver un autre métier», clame Frenzel. D'autres groupes industriels allemands ont choisi de changer de voie. En 1990 par exemple, le métallurgiste Mannesmann a obtenu une licence pour le téléphone mobile. Mais Frenzel, lui, choisit le tourisme. Il a eu le nez creux. En 1999, Mannesmann s'est fait avaler par le britannique Vodaphone.

En famille. «Le tourisme, c'est du 5 % de progression par an...» C'est en gros ce que Ralf Corsten, alors patron du tour-opérateur allemand TUI, explique à son ami Frenzel. En outre, les deux sociétés de Hanovre ont un actionnaire commun, la puissante banque publique régionale WestLB, détentrice de 30 % de TUI, et de 34 % de Preussag. Or Michael Frenzel est un protégé du patron de la WestLB, ce dernier ayant de solides amitiés politiques, notamment avec le chancelier Schröder. Autant dire que le pl