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Libération

A Béziers, les viticulteurs ont vu rouge

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La manifestation d'hier a tourné à l'affrontement.
publié le 17 janvier 2002 à 21h42

Béziers, envoyée spéciale.

C'est une colère blanche. A 17 heures, Patrice Poupelin, représentant des jeunes vignerons coopérateurs de l'Hérault, prend le micro devant la sous-préfecture de Béziers et les familles de viticulteurs venues de l'Aude, des Pyrénées-Orientales, du Gard et de l'Hérault. «Nous avons adressé nos revendications au Premier ministre. Nous n'accepterons plus de parler avec Jean Glavany, un ministre qui nous méprise.» Il invite chacun à se disperser dans le «calme et la dignité». Dans les rangs, la réponse est immédiate: «Tu n'as pas fini de nous endormir?», hurle un viticulteur. Une heure après, la nuit est tombée sur l'avenue Georges-Clemenceau. Et les hostilités commencent. 5 000 viticulteurs font face à six compagnies de CRS et quatre escadrons de gendarmerie. Les cagoules et les masques antilacrymogènes sortent des poches. Les commerçants baissent le rideau. Des poubelles brûlent. Des hélicoptères survolent Béziers. A la Devèze, quartier difficile, des jeunes incendient deux bus. A 19 heures, viticulteurs et CRS jouent au chat et à la souris. Trois charges, au pas de course. Quelques grenades lacrymogènes.

Le tout sans un mot échangé, comme la manifestation qui s'était ébranlée quelques heures plus tôt depuis les allées Paul-Riquet. Muette, tendue. Ni bannière, ni slogan. Dans les rangs, on desserre à peine les dents pour lâcher ses griefs. «Je suis sur 18 hectares dans le Minervois, je conduis bien les syrahs et les merlots sur 6 hectares, comme les bo