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Libération

Au bon vouloir du patron

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publié le 21 janvier 2002 à 21h45

Quelques palettes flambent, le thermomètre ne dépasse pas les 8 ° C. Les camions passent à toute vitesse, frôlent les 85 grévistes ­ sur 199 salariés ­ de l'usine de sous-vêtements Lemahieu, à Saint-André, dans la banlieue de Lille. Emmitouflées dans leurs châles, bonnets enfoncés au ras des yeux, elles font le pied de grue devant la grille de leur usine depuis quinze jours. «On attend que le patron, il veuille bien négocier!», lance une ancienne. Après plus de vingt ans de boutique, elle ne gagne que le Smic et 5,79 a (38 F) de prime d'ancienneté.

Ce qui a mis le feu aux poudres: le passage aux 35 heures. Le directeur a organisé une dizaine de réunions en 2001 pour expliquer sa vision de la réduction du temps de travail: un planning qui suit les fluctuations du carnet de commandes, avec des semaines à 16 heures et d'autres à 46, sans embauche ni paiement d'heures supplémentaires. Les ouvrières ne remettent même pas en cause la flexibilité. «On travaille déjà avec des semaines en modulation faible: huit jours avant, on nous prévient par voie d'affichage que l'usine sera fermée le vendredi. Les semaines en modulation forte, on rattrape les jours non travaillés», explique Evelyne Vandaele, la déléguée CFDT.

Leurs revendications: un temps de travail hebdomadaire oscillant entre 30 et 44 heures; un planning défini à l'avance. «Faut quelque chose d'arrêté, de bien spécifié!», s'exclame Sandrine. Pour le mercredi avec les enfants. Pour organiser sa vie, ses samedis et ses loisirs. P