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Libération

Risque de coups de barre

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publié le 21 janvier 2002 à 21h45

Emmanuèle est avocate au barreau de Paris. Elle plaide régulièrement des conflits du travail.

«Quand une personne entre dans un cabinet d'avocat, elle se comporte comme si elle arrivait chez un psychologue: elle vient avec son problème qui est le plus important du monde et souvent il faut la ramasser à la petite cuillère. Première chose à faire: l'écouter. Comme ce ne sont pas des juristes, les clients sont toujours persuadés de leur bon droit et je dois alors leur expliquer que je ne peux pas tout défendre. Il faut savoir que ton client est ton pire ennemi, il te cache toujours des choses. En tant qu'avocat, je suis le cobaye, celui qu'on teste pour savoir si le mensonge tient. Comme le client présente la situation toujours en sa faveur, il faut avoir un esprit critique et de la distance. Je commence par me faire l'avocat du diable, ça me permet de voir si l'histoire tient vraiment le coup.

«Il m'est arrivé de me faire menacer par des clients car je ne faisais pas exactement ce qu'ils voulaient ou bien agresser par la partie adverse. Le mois dernier, aux prud'hommes, sortant d'une conciliation où je réclamais huit mois de salaire pour un couple qui avait travaillé dans un hôtel sans être payé, l'hôtelier m'attendait au coin de la rue. L'homme, sentant qu'il allait perdre devant la justice, m'a menacée: «Je te ferai la peau, on se retrouvera, gare à toi si tu n'arrêtes pas la procédure.» Je suis restée un long moment sur le trottoir à trembler, il avait mon adresse professionn