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Libération

«Avant je savais qu'on était exploité mais je pensais qu'on ne pouvait rien faire»

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Chez Mc Do, Raja, Nabil et Riadh ont appris à penser collectif.
publié le 28 janvier 2002 à 21h49

Les débuts ont été plutôt cafouilleux. Quand les salariés de Saint-Denis entament leur grève en octobre dernier, ils ne connaissent rien à l'art de la revendication. Pas de piquet de grève, pas de banderoles, pas de slogans devant le restaurant, ils discutent tranquillement sur le trottoir ou bien sortent la console de jeux. «La plupart avaient une conscience politique proche de zéro», dit un observateur. Un comité de soutien formé d'organisations de gauche (CGT, Sud, Attac, PC, Verts, Unef, LCR, Mrap...) leur montre le chemin et leur permet de tenir sur la durée. En trois mois de conflit, ils apprennent ce qu'est un syndicat, à formuler des revendications collectives et à oublier les «Rémi [nom du gérant], enculé». A 20 ou 25 ans, ils deviennent militants, en mode express.

«Voter pour les PDG aussi.» Jolie fille de 24 ans, Raja se voyait il y a encore trois mois future cadre chez McDo. Elle avait en tête : si tu veux progresser, surtout ne te syndique pas. Aujourd'hui, elle est déléguée syndicale CGT pour le restaurant Saint-Denis à Paris. Son revirement s'est fait sous l'émotion de voir ses collègues accusés de vol. «Toute personne qui se rebelle se fait licencier, dit-elle. Je ne pouvais pas accepter ça. Aujourd'hui, je sais que je n'aurai plus de promotion, moi qui pensais que si on travaillait bien, on évoluait forcément.» Les élections du restaurant ont eu lieu en décembre durant la grève. «A force d'appeler les gens à voter, dit-elle, je me suis rendu compte que si tu