C'est une cohorte impressionnante qui occupait ce week-end le parking du centre douanier du Luxembourg: près de 120 camions appartenant à la firme Kralowetz, suspectée d'avoir employé illégalement plusieurs centaines de chauffeurs venant des pays de l'Est. Cette société basée en Autriche, mais dont le siège international se trouve à Esch-sur-Alzette (Luxembourg), se retrouve au coeur d'une procédure judiciaire dans huit pays européens, dont la France. Un des propriétaires de l'entreprise, Karl Kralowetz, est détenu au Luxembourg pour avoir employé des travailleurs clandestins.
Mais le scandale est bien plus large: soumis à «des horaires infernaux», à «un manque d'hygiène et de sécurité», les chauffeurs «étaient à la merci de leur maître», a témoigné Simon Stachowiack, le maire de Tucquegnieux (Meurthe-et-Moselle), où plusieurs dizaines d'entre eux s'étaient regroupés jeudi avant de rejoindre le Luxembourg.
Après l'arrestation de Karl Kralowetz, les routiers étaient venus réclamer leur paye à la société United Continent Lines, située à Tucquegnieux, et qui servait de base logistique à Kralowetz. Un «grand nombre» des chauffeurs employés par Kralowetz «n'avaient qu'un visa touristique», a ajouté Simon Stachowiack, qui a pu dialoguer avec quelques-uns d'entre eux. Le maire adjoint de la commune, Joseph Bec, soulignait que certains, dépourvus d'argent, n'avaient pas mangé depuis deux jours.
Samedi, une vingtaine de chauffeurs montaient la garde devant les poids lourds. Une centaine