«Tant que le PDG ne vient pas, je dors ici.» Premier samedi de janvier, le McDonald's du boulevard Saint-Germain à Paris est fermé, en grève. Joselito Exilie attend. Onze ans de McDo derrière lui, il est le cauchemar des DRH, celui qui déclenche à l'improviste des débrayages de quelques heures ou de quelques jours. Les jours de manif, il sort sa perruque aux grosses boucles multicolores, invective la direction, la tutoie pour la déstabiliser. Avec son acolyte Jean-Claude Rilcy, il estime que c'est le seul moyen de se faire entendre du géant américain. «Ta réunion, elle sert à rien, on reviendra quand tu proposeras quelque chose de concret», balancent-ils quand les discussions s'enlisent. Jugée inefficace, la négociation classique reste au placard, laissée aux autres syndicats. Ce jour-là, Joselito et Jean-Claude obtiennent ce qu'ils veulent: l'ouverture anticipée de négociations salariales où ils réclament un treizième mois. La grève peut s'arrêter.
Même s'ils sont seuls dans leur coin, Joselito et Jean-Claude ont fait de leur restaurant, boulevard Saint-Germain, une zone de droit. «Le directeur nous prend au sérieux maintenant. On a voulu la télé, ils nous ont mis la télé. Le câble ? On a eu le câble. S'il y a une fuite d'eau dans la cuisine, ils la réparent tout de suite. Auparavant, il fallait attendre des jours, quémander.» Tous deux sont délégués syndicaux CGT. Du syndicat, ils n'auraient que le nom tant ils agissent comme bon leur semble. La centrale les laisse agir dan