Londres, de notre correspondant.
Celui qui aime se présenter comme un «petit Paddy», un Irlandais ordinaire, voit loin, très loin. Au moment où le secteur aérien bat de l'aile, Michael O'Leary, directeur général de Ryanair et leader des vols à bas prix, envisage de multiplier sa flotte par cinq et part à la conquête du Vieux Continent. Jeudi, il a annoncé l'acquisition d'au moins cent Boeing et lancé, dans la foulée, un avertissement à l'ensemble des concurrents: «D'ici à dix ans, nous aurons bâti la plus grande compagnie aérienne en Europe.»
Le patron de Ryanair adore fanfaronner: «Une des choses que les Irlandais savent bien faire, c'est débiter des sornettes», a-t-il déclaré récemment au Sunday Telegraph. Cette fois, son défi est pris au sérieux. Sa commande ferme de cent B737-800 s'accompagne d'une option sur cinquante autres appareils. C'est le plus grand contrat remporté par le constructeur américain dans la catégorie des court-courriers. En 2010, Ryanair disposera d'un parc de 128 à 178 avions, contre 36 actuellement.
Rivalité. Le moment ne pouvait guère être plus favorable. Au prix catalogue, l'opération revient à 9,1 milliards de dollars (10,34 milliards d'euros). Comme de coutume, le montant réel n'a pas été révélé. Mais la firme Boeing aurait concédé un rabais record de 30 %. Elle ne pouvait pas se permettre de rater un tel marché. A la suite des attentats du 11 septembre, son carnet de commande s'est effondré et, tout au long des négociations, Michael O'Leary a joué