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Libération
Enquête

Houston, capitale des dupés d'Enron

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Ils se sont donnés corps et âme à la firme de courtage, ont investi leurs économies en fonds de pension maison. Ils sont aujourd'hui ruinés et écoeurés.
publié le 30 janvier 2002 à 21h51

Houston (Texas), envoyé spécial.

A l'angle de Texas et d'Hamilton, à l'ouest du centre-ville de Houston, le monstre de métal et de béton s'élève au-dessus des terrains vagues. Un bijou d'architecture pour le sport roi de l'Amérique, le base-ball. Sur la façade, les lettres se détachent en majuscules, «ENRON FIELD». Sur la droite, une entrée spéciale pour les invités de marque du Diamond Club. C'est là, dans les meilleures tribunes, que Kenneth Lay, le légendaire patron d'Enron, accueillait les Bush père et fils, et toute l'élite texane. Du stade, construit en l'an 2000, Lay disait souvent que c'était son «petit cadeau». Une danseuse pas vraiment bon marché puisque la licence de parrainage devait lui coûter 100 millions de dollars (116,12 millions d'euros) pour les trente ans à venir.

Aujourd'hui, les jours d'Enron Field sont comptés. «Kenny Boy», comme l'appelle George W. Bush, a payé ses droits jusqu'en août, mais Enron n'aura certainement pas les moyens d'assurer la suite. Déjà, plusieurs compagnies texanes sont prêtes à prendre la relève pour faire du stade leur vitrine. Kenneth Lay, lui, n'est plus le patron de la firme de courtage en énergie: il a démissionné la semaine dernière. Entre auditions au Congrès, révélations en série, et le suicide d'un ex-vice-président, le scandale de la faillite d'Enron ­ la plus grande de l'histoire américaine ­ ne fait que s'amplifier, entraînant dans ses secousses la ville de Houston. Devant l'immeuble de verre du 1400 Smith Street, les c