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Libération

Règlements de comptes en Argentine

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La Cour suprême et le gouvernement s'étripent sur le blocage de l'épargne.
publié le 4 février 2002 à 21h57

Buenos Aires de notre correspondant

D'un côté, la Cour suprême de justice. De l'autre, le gouvernement, les partis politiques, l'opinion publique, les banques, unis contre la plus haute instance juridique du pays. Après les différentes luttes qui depuis le 20 décembre ont provoqué l'implosion politique et économique de l'Argentine, c'est la dernière bataille en date. A terme, la lutte sera inégale. Mais depuis quatre jours, neuf juges ont réussi à menacer le gouvernement et son plan économique. Vendredi après-midi, la Cour suprême a déclaré anticonstitutionnel le fameux corralito, le «petit enclos», qui gèle une partie des comptes bancaires depuis le début du mois de décembre. Vendredi soir, le président Duhalde a mis en garde ses compatriotes : «Si tout le monde se précipite pour retirer son argent, les banques, qui ne disposent pas des fonds pour satisfaire tout le monde, vont s'écrouler. Et les gens vont définitivement perdre leur argent... Le pays sombrera dans l'anarchie.»

Lors des habituels concerts de casseroles du vendredi soir, personne n'a célébré le verdict de la Cour suprême. Les manifestants ont compris que les juges n'agissaient pas dans le strict désir de servir la loi mais pour tenter de sauver leur peau. En effet, la Cour suprême est discréditée depuis que l'ancien président Carlos Menem, au début des années 1990, a décidé de porter le nombre de ses membres de 5 à 9, nommant des juges amis afin d'assurer l'impunité de son gouvernement. Dans le passé, cette cou